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Frédéric SAENEN Camille Lemonnier, le « Zola belge » : déconstruction d’un poncif littéraire

Date : 30.04.2019 — Audio 97 min.

La postérité, friande de raccourcis, s’attache souvent à figer un écrivain dans une périphrase censée le résumer : Rimbaud fut « l’homme aux semelles de vent », Gide « le contemporain capital », Flaubert « l’ermite de Croisset » et Céline celui « de Meudon »… Mais ce réflexe typiquement français, que légitime un sentiment puissant d’identité et d’unicité littéraires, n’a pas cours de la même manière en Belgique, pays scindé dont on sait l’impossibilité à se créer une littérature nationale unitaire ainsi que la difficulté à imposer ses Lettres - en tout cas pour ce qui concerne leur versant francophone - face au tropisme parisien.
En Belgique, toute lecture de Camille Lemonnier fut d’emblée biaisée par le poncif qui l’identifiait, de son vivant même, à un « Zola belge », et qui lui est encore volontiers appliqué aujourd’hui.
Cette communication consistera tout d’abord à « tracer » la formule ab ovo, depuis sa première occurrence, puis de suivre sa fortune critique. Se posera ensuite la question de savoir comment Lemonnier l’assuma, et s’il s’accommoda de cette étiquette-piège, valorisante avant de s’avérer réductrice, pour servir sa propre notoriété. Il s’agira enfin d’en réévaluer la pertinence, en déterminant ce qui (sans doute) rapproche, et ce qui (strictement) distingue ces deux géants, sur les plans stylistique, narratif et idéologique. Car ce n’est que sur les ruines de ce stéréotype tenace que pourra se réaffirmer l’irréductible originalité du « Maréchal des Lettres ».

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