La craie, bien que discrète, est un matériau familier. Qui ne connait pas ce bâtonnet servant à écrire sur le tableau du maître ! Pourtant, cette roche interagit bien plus dans notre quotidien à travers le pétrole, le ciment, l’eau du robinet ou le dentifrice.

L’intérêt pour cette roche calcaire s’est considérablement accru durant les quatre dernières décennies, en paléontologie, en stratigraphie séquentielle, en tectonique mais aussi en mécanique des roches. Du point de vue géomécanique, les études sur la craie ont pris leur envol, suite à la réalisation de grands ouvrages de génie civil comme le tunnel sous la manche ou la centrale nucléaire de Paluel, mais surtout suite à la découverte des gisements pétroliers de la Mer du Nord, en particulier du gisement d’Ekofisk.

Il a fallu d’abord comprendre le comportement mécanique particulier de cette roche pour l’installation des plateformes en Mer du Nord, pour asseoir leur stabilité lors des forages, mais aussi anticiper le devenir du gisement de gaz ou de pétrole suite aux pompages. La craie peut être quasiment entièrement constituée de tests de coccolithes, entiers ou fragmentés, avec parfois une faible quantité d’argile ou de micrite. Toute faible variation de constitution de texture, de composition entraine des changements dans les propriétés pétro-physiques de la craie, en particulier en ce qui concerne la porosité, la perméabilité, la succion, le fluage ou encore la célérité. Ces propriétés varient également selon le contexte de contrainte et de déformation.

Les gisements de craie, en termes économiques sont des réserves stratégiques, qui ont aussi leur intérêt au niveau environnemental. Par exemple, les propriétés mécaniques jouent un rôle non négligeable dans la stabilité des falaises. La craie est un filtrant naturel des polluants du sol. Aujourd’hui, le CO2 expulsé lors de la production pétrolière est injecté directement dans les champs de craie en profondeur. Tant de mystères pour un bout de craie.