Depuis une dizaine d’années, on observe une modification de notre perception de la fin de l’Âge du Fer. Aux sympathiques Barbares querelleurs et festoyeurs, dont Astérix constitue un archétype, se substitue une vision bien différente des populations préromaines de Gaule Belgique. Les Rèmes (région de Reims) sont, dans ce domaine, particulièrement exemplatifs. 

Une approche pluridisciplinaire issue de la « New Archaeology » montre le potentiel considérable des « faits » observés au cours des fouilles. Ces données récentes, abordées sous l’angle de la cliométrie (une branche des sciences économiques fondée sur la quantification), nous obligent à relire les textes des auteurs classiques sous un angle différent, dans lequel l’histoire économique et sociale prend le pas sur l’histoire événementielle. Au terme de « tribu » s’est progressivement substitué celui, moins péjoratif, d’ « état ». Mais le changement de terme n’est pas un simple effet de mode, celui de rendre un certain statut à des sociétés trop souvent considérées comme « primitives ». 

La datation, grâce aux techniques nouvelles, de faits précédemment attribués à l’époque romaine a demandé la révision de notre conception de grands aménagements antérieurs à l’arrivée de César. La création de « villes neuves » est contemporaine de la mise en place d’une voirie performante couvrant un territoire de 10.000 km2, occupé par près d’un million d’habitants. La numismatique nous apporte des éléments majeurs quant à notre compréhension du « fait économique » : le prélèvement des taxes et l’émergence de l’administration. L’approche quantitative et non plus esthétique de la monnaie, permet d’aborder la problématique sous l’angle de la cliométrie. Cette dernière peut être appliquée avec succès aux autres données quantifiables que nous apporte une archéologie profondément renouvelée.