Matière au contour indéfini par excellence, l’encyclopédisme représente toujours un essai de mise en ordre des connaissances et finalement du réel. Si l’encyclopédisme antique et médiéval est étudié depuis longtemps, les entreprises analogues orientales sont inconnues du grand public. Trois de ces réalisations retiendront notre attention.

Le Catalogue des peuples (Tabaqât al-umam) (littéralement les « Catégories des Nations ») écrit en Espagne dans la deuxième moitié du XI^e siècle, par Sâ‘id al-Andalusî peut être considéré comme une encyclopédie d’un genre un peu particulier, dans le sens où son auteur y propose un bilan général des acquis scientifiques de l’humanité, ordonné par « peuples » ou « races ». Après avoir présenté sommairement le plan d’ensemble du Catalogue des peuples, notre propos sera double. Il s’agira, d’une part, de nous interroger sur l’origine lointaine de la théorie des races primordiales que Sâ‛id expose au début du traité. Il s’agira ensuite de parcourir le corps de l’ouvrage et d’illustrer la pertinence plus ou moins grande des renseignements rapportés par Sâ‘id selon les peuples considérés, avec une attention particulière sur la question des Sabéens.

L’époque mamelouke (XIII^e -XV^e siècles) voit l’apogée de l’encyclopédisme dans la littérature arabe avec la production d’œuvres impressionnantes par leur ambition, deux ouvrages retiendront notre attention car à la fois exemplatifs et uniques. D’abord Les Voies des regards d’Ibn Fadl Allâh al-‘Umarî (1301-1349) qui est une encyclopédie géographique, littéraire et historique en 27 volumes où sont résumées toutes les connaissances utiles à l’honnête. Ensuite par son Matin de l’héméralope, Qalqashandî (1355-1418) voulait fournir aux secrétaires de la chancellerie les connaissances nécessaires au métier de scribe, aux écritures et à la rédaction des documents. Le plan et la matière des 14 volumes de son ouvrage nous montrent la culture générale et les matières spécialisées jugées nécessaires pour faire un bon fonctionnaire.