Le XXI^e siècle s’ouvre par un curieux paradoxe : les prouesses technologiques de la médecine régulière contrastent avec la popularité des médecines alternatives.
M.Vanherweghem explorera ici une possible réconciliation.

Les remèdes sont nés empiriquement d’observations fortuites. Certains constituaient des traitements réellement efficaces. D’autres étaient des poisons de toxicité méconnue. D’autres enfin n’avaient aucun effet mais leur administration donnait satisfaction aux patients et aux médecins. Il s’agissait de l’utilisation naïve d’un placebo, « en double insu ».

A mesure que les observations cliniques sont devenues plus minutieuses, des doutes se sont élevés sur l’efficacité réelle de certains de ces remèdes. Pourtant, les médecins ont continué à les prescrire, délibérément, le placebo devenant un mensonge qui guérit.

L’émergence de la médecine « factuelle » a exigé, pour preuve, que les effets d’un médicament dont l’efficacité est testée, soient supérieurs à ceux d’un placebo. Le placebo devient ainsi un outil méthodologique de référence.

Plus récemment, les nouvelles techniques d’exploration fonctionnelle cérébrale, pour décrypter les mécanismes neurophysiologiques de la « force de l’esprit », ont utilisé un placebo présenté comme un médicament actif. Le placebo est maintenant un outil d’investigation scientifique.

Les résultats de ces travaux ouvrent la question de la réintégration du placebo dans l’arsenal thérapeutique. Y répondre pourrait amener à justifier le recours à certaines pratiques alternatives, mais aussi, en général, à modifier le comportement médical.