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Valérie ANDRÉ La rousseur infamante. Histoire littéraire d'un préjugé

Date : 26.03.2013 — Audio 109 min.

« Si le groupe se sent en état d'altérité par rapport à l'un de ses membres, il en fait sa victime » (Jacques Laurent). Les personnes rousses savent combien cette remarque est judicieuse. Depuis l’Antiquité, en effet, l’imaginaire collectif a associé la couleur rousse à la sexualité et au mal. Du Dieu Seth des Égyptiens, dieu de la concupiscence dévastatrice, au traître Judas, au diable lui-même (le langage populaire ne le surnomme-t-il pas l’homme ou le prince roux ?) à ses suppôts terrestres, sorcières et autres êtres malfaisants, la rousseur symbolise l’impureté malsaine, la sensualité lascive, la liaison intime avec les puissances diaboliques. S’il fait peur, le roux - et davantage encore sans doute la femme rousse - fascine et intrigue, constitue un réservoir inépuisable de fantasmes. L'ouvrage Reflexions sur la question rousse, que j’ai publié chez Tallandier en 2007, se veut une enquête au cœur même du préjugé, sorte d'archéologie de l'idée reçue. Les résultats sont surprenants et transcendent l'apparente futilité de la thématique. La multiplication rapide des réseaux sociaux et le succès des blogs a ravivé une discrimination qui, en 2007, me semblait définitivement s'estomper. Nous assistons aujourd'hui à un retour transfiguré du préjugé, dont s'emparent la presse et le cinéma. Le délit de rousseur est pointé du doigt, impunément, échappant à la censure vigilante du politiquement correct… Dans le cadre de ce cours-conférence, on s’efforcera de rappeler les idées reçues liées à la rousseur et d’en retracer l’historique avant de nous arrêter que quelques exemples significatifs de la transposition littéraire de ces préjugés.

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