Aller au contenu

Xavier DIJON, Yvon ENGLERT Le choc des valeurs de la bioéthique
Débat à deux voix

Date : 07.03.2016 — Vidéo 111 min. — Audio 111 min.

Les avis des comités de bioéthique sont rarement unanimes, et reflètent des divergences profondes. Il s’agirait de mettre en évidence les courants sous-jacents aux divergences exprimées. Le pari qui est fait d’une conférence à deux voix est celui d’une plus grande clarté que l’exposé d’un avis tenu sur telle ou telle pratique.

Un premier courant, identifié à la modernité, parie sur la liberté individuelle et sur l’égalité entendues de la manière la plus large possible : liberté de la femme à l’égard du foetus qu’elle porte ; liberté des couples (ou des femmes seules) de recourir aux ressources de la science biomédicale pour engendrer un enfant ; liberté de disposer de son corps (même parfois à titre onéreux) pour le don de gamètes, le don d’organes ou la gestation pour autrui ; liberté de changer de sexe ; liberté de disposer de soi dans l’euthanasie ; égalité des couples homosexuel et hétérosexuel, liberté sexuelle entre adultes consentants, etc.

L’autre courant, identifié à la tradition, redoute que cette conception, tant de la liberté que de l’égalité, ne soit trop abstraite. Il existerait en effet, à la racine de l’humanité, une donnée qui lui échappe : la différence homme-femme ; l’unicité de chaque personne ; la contingence de la vie elle-même qu’il nous faut respecter si nous voulons assurer à cette humanité un avenir digne d’elle. De cette exigence découle une certaine morale qui se marque dans les domaines de la sexualité, du désir et des extrémités de la vie (de la reproduction à la mort). Les philosophes d’autrefois parlaient de nature (sociale) et de loi naturelle, mais les auteurs du Contrat social en ont bouleversé le sens en supposant un état de nature rigoureusement individualiste.

Écouter

Les plus récents