On ne remarque pas encore assez que l’hétérogénéité dans les sciences contemporaines n’est plus disciplinaire ou ne dépend plus de la combinaison de disciplines. Cette hétérogénéité est celle de leurs objets. Objets dont l’identité est ouverte et variable non parce qu’elle est encore insuffisamment connue mais parce qu’elle se manifeste sous ce mode dans les logiques de recherche contemporaines.

Pour penser cette hétérogénéité, il faut constituer de nouveaux savoirs épistémologiques et éthiques et évaluer l’organisation des communautés de travail qui s’emparent de tels objets hétérogènes. Pour traiter adéquatement ces objets, ces communautés doivent expérimenter des méthodes qui leur permettent de se constituer autrement et de trouver une cohérence qui n’abolisse pas l’hétérogénéité dans une unité de compréhension plate et appauvrie.
Une telle réflexion et mise en pratique de logiques de recherche contemporaines est au cœur des deux exposés de ce cycle.

Le premier part de deux mises en œuvre méthodologiques différentes de l’hétérogénéité dans l’organisation d’une communauté de travail : celle développée à l’INRA de Jouy-en Josas autour de l’objet hétérogène « animal » et celle appliquée par le Comité consultatif de bioéthique de Belgique à l’objet hétérogène « bioéthique ».

Le second exposé généralisera les enseignements à tirer de ces deux exemples en développant une épistémologie qui manifeste les modifications et les glissements actuels dans la notion de discipline, considérant celle-ci non plus comme une possibilité d’explicitation définitive de l’identité de l’objet hétérogène mais comme une dimension de celui-ci. Une réflexion collective avec le public à partir d’exemples d’objets hétérogènes mettra en pratique ces considérations épistémologiques.