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Laurence BROGNIEZ Quand le peintre prend la plume…

Date : 25.11.2009 — Audio 74 min.

La relation entre les arts et les lettres a particulièrement été investie sur le plan identitaire en Belgique.

Preuve en est - pour citer un exemple récent - la polémique suscitée au Festival d’Avignon 2005 autour du choix du plasticien et dramaturge belge, Jan Fabre, au titre de directeur associé. D’aucuns se sont plu à voir dans les expériences scéniques de cet artiste le symptôme d’un inquiétant "déménagement des belles-lettres vers les beaux-arts", une dérive du théâtre vers une forme "bâtarde" et hybride, affirmant la victoire de l’image sur le texte.

Ce phénomène n’est pas nouveau. Maurice Maeterlinck, il y a plus d’un siècle déjà, y fut confronté. "Sensibilité picturale", "culture de l’image", "prédestination merveilleuse" des écrivains belges pour les arts plastiques: nombreuses sont les expressions utilisées par des générations de critiques et d’historiographes, belges et étrangers, qui se sont attachés à souligner et à expliquer cette spécificité, devenue une sorte de "label" national qui a permis aux auteurs belges de s’exporter et de se créer une identité aux yeux du public international.

La peinture a joué un rôle capital dans l’émergence de la littérature belge, en déterminant un rapport particulier à la langue comme une représentation spécifique de l’écrivain en "peintre qui écrit". Elle trace, dans l’histoire des lettres belges, une sorte de fil rouge que l’on peut suivre jusqu’aux productions les plus récentes, affirmant une spécificité que les écrivains cultivent, sous des formes diverses qui vont du théâtre au livre, de la critique à la transposition, en passant par l’objet et la plasticité des mots.

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