Peu de civilisations fascinent autant que celles de l’Amérique précolombienne, qui se sont développées de façon totalement indépendante du reste du monde jusqu'à l'extrême fin du XV^e siècle. Mais même les mieux documentées d'entre elles (Mayas, Aztèques, Incas…) ont souvent été très mal comprises des auteurs européens. Aujourd’hui encore, nous sommes largement tributaires des écrits des premiers chroniqueurs, qui font la part belle à des interprétations imprégnées de grilles de lecture inadaptées, dans un désir de comparer et d’établir des rapprochements entre les caractéristiques des sociétés du Nouveau Monde et de l’Ancien.

A travers des études de cas liées à l’actualité de la recherche américaniste, qui permettront de recourir à des exemples concrets, nous nous pencherons sur les enjeux d’une meilleure connaissance des sociétés de l’Amérique précolombienne ainsi que sur les problèmes méthodologiques auxquels les chercheurs sont confrontés au quotidien. Car, si les découvertes archéologiques spectaculaires se succèdent à un rythme effréné, que faire lorsque les documents anciens à l’aide desquels nous tentons de les interpréter nous livrent des informations qui nous semblent contradictoires ? Et comment peut-on, à l’aide de l’iconographie et des sources ethnohistoriques, essayer de mieux comprendre l’organisation des sociétés préhispaniques, au-delà des idées reçues et clichés réducteurs ? En nous appuyant sur les exemples de l’enceinte cérémonielle ou « Grand Temple » de Mexico-Tenochtitlan et de l’organisation du clergé aztèque, nous nous efforcerons de répondre à ces questions tout en faisant ressortir les difficultés spécifiques au domaine des études américanistes.