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Christophe LOOTEN Dans la tête de Richard Wagner

Date : 18.09.2013 — Audio 84 min.

Pendant une bonne partie des XVIIIe et XIXe siècle, les Allemands ont cru être des Grecs. Cette hypothèse esthétique se fondait sur des ressemblances, le morcellement du pays en nombreuses principautés, mais aussi sur des considérations plus intellectuelles : la question linguistique, le fait qu’une bonne partie des pays germaniques avait quitté le giron de l’Eglise romaine et donc « échappé » à la Renaissance, etc. Dès le XIIe siècle, Hildegarde von Bingen déclarait « qu’Adam et Eve parlaient allemand ». La « question grecque » est au centre des préoccupations de Richard Wagner : elle est une clef essentielle qui permet d’appréhender « l’art total » dans ses multiples dimensions. L’influence de l’art grec en Allemagne trouve ses origines dans les écrits de Winckelmann qui proposaient de fonder la germanité sur un modèle échappant à la romanité et à ses descendants : l’Eglise, le classicisme français, la musique italienne, etc. Goethe avec son Iphigénie comme Lessing,
Schiller et Wagner vont donc œuvrer pour transmuter l’essence même de l’art grec et l’insuffler dans l’esprit allemand. L’œuvre de Wagner n’apparaît dans toute sa grandeur comme dans son importance historique que dans ce cadre dans la mesure même où elle accomplit à Bayreuth le rêve hellénique des artistes allemands.

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