Aller au contenu

Victor STOICHITA Textes, tissus, tableaux. À partir des « Fileuses » de Velásquez

Date : 08.11.2018 — Audio 47 min.

Las Hilanderas est le dernier grand tableau réalisé par le peintre espagnol Diego Velázquez avant sa mort. Son sujet a été longtemps objet de débat et aujourd’hui encore certaines incertitudes persistent. Le point de départ de la conférence est constitué par la façon inédite dont cette œuvre opère des emboitements successifs, reliant l’histoire de la mythique tisserande Arachné, racontée par Ovide dans les Métamorphoses, avec l’imaginaire du tissage et de la figuration picturale. La tapisserie exposée au dernier plan du tableau du peintre espagnol, représente, on le sait aujourd’hui, le Rapt de l’Europe, variante picturale, due au Titien, d’un tapis cité par un texte ovidien. Selon une étymologie purement grecque, « Eurôpè » (åõñùðç) proviendrait de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, eurýs, signifie soit large, qui s'étend en largeur, soit vaste, qui s'étend au loin ; le second, en grec ancien ṓps, signifie soit regarder en face, soit œil. Eurôpè, « [celle qui a] de grands yeux », devint un prénom féminin, donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse fille d’Agénor, enlevée par Zeus déguisé en taureau. Fausse ou exacte, cette étymologie a son indubitable valeur symbolique. Elle ouvre la voie à une interrogation autour de la place du regard, voire de l’image, voire de l’art, dans la constitution de l’identité et de la différence européennes.

Les plus récents