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Christophe BERTIAU Un mort bien vivant
Le latin dans la littérature du XIXesiècle

Date : 19.04.2017 — Audio 82 min.

On aime à qualifier le latin de langue « morte ». Encore faut-il s'entendre sur ce qui se cache derrière la métaphore biologique : s'agit-il d'une langue qui n'est plus la langue maternelle de personne ? Qui n'est plus pratiquée par personne ? Qui n'est plus capable de vitalité ? Car si le latin a bien disparu comme langue maternelle au début du Moyen Âge, il n'a jamais cessé d'être employé avec créativité, et ce jusqu'à nos jours.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le latin perd une grande partie de ses usages et de sa pertinence sociale. C'est à cette époque que se redéfinit sa valeur pour les temps à venir : on l'apprendra non plus tant pour le parler ou l'écrire que pour devenir - s'imaginait-on souvent - un être supérieur, à la fois sur les plans moral et intellectuel.

On s'étonnera sans doute de constater qu'au XIXee siècle, tout un pan de la littérature s'écrit encore en latin. Les Franciscae meae laudes, poème de Charles Baudelaire, ou les poèmes latins qu'Arthur Rimbaud composa à l'école, ne sont nullement des cas isolés. Totalement ignoré par l'histoire de la littérature, l'écrivain Jean Dominique Fuss (1781‑1860), par exemple, publie d'innombrables poèmes en langue latine ainsi que des textes en prose pour défendre l'usage de sa langue d'écriture.

Comme on le voit, il faut faire un détour par l'histoire si l'on veut comprendre pourquoi le latin continue aujourd'hui de « torturer » des millions d'élèves à travers le monde. Ce cours-conférence entend proposer un aperçu de la place du latin et de la littérature latine dans l'Europe du XIXe siècle.
Ce sera l'occasion de poser une question bien plus complexe qu'il n'y paraît : peut-on écrire dans une langue « morte » ?

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