Les différentes théories karstogénétiques qui veulent expliquer la genèse des phénomènes karstiques partent toutes d'un paradigme qui lie la formation des vides souterrains à l'évacuation totale de matières. À partir de discontinuités, la circulation d'une eau chimiquement agressive élargit peu à peu certaines de ces fissures en attaquant les épontes et en emportant les produits des réactions chimiques. Une structuration temporelle et spatiale intervient alors, qui s'illustre par la sélection de certaines discontinuités qui iront en s'élargissant et en se connectant suivant un système ordonné.

Ce cours-conférence décrit les observations effectuées depuis plus de 20 ans sur les paléokarsts des calcaires carbonifères et qui ont permis la découverte d'un nouvel objet géologique : le fantôme de roche. Il s'agit d'une dissolution partielle d'un encaissant, dans ce cas calcaire, avec rétention de la phase résiduelle. Il en résulte des volumes constitués de l'altérite résiduelle qui s'ordonnent en couloirs verticaux axés sur des fractures, ou encore des "pseudoendokarsts" totalement souterrains.

Les conditions de genèse de ces fantômes de roche sont caractérisées par une absence de potentiel hydrodynamique, une tectonique en extension et une eau chimiquement agressive. Les géométries résultantes sont différentes de celles qui existent lors de la karstification "normale". L'évolution ultérieure de ces fantômes aboutit à la formation de grottes indiscernables des grottes "normales" par évacuation mécanique de l'altérite résiduelle lors de l'apparition d'un potentiel hydrodynamique.