Comment mettre en récit une histoire transnationale de l’Europe ? Toute entreprise de cette ampleur, quelle que soit la forme qu’elle prend (livre, musée, ...) semble aujourd’hui nécessairement passer par l’usage du concept de mémoire. Mémoire collective (Maurice Halbwachs), mémoires plurielles, divisées ou partagées, tels sont les concepts que s’approprient aujourd’hui historiens, acteurs culturels et politiques pour tenter une mise en récit du passé européen. Mais ces catégories sont-elles opérationnelles ? Peut-on parler d'une mémoire collective européenne ? Comment peut-on pertinemment mobiliser ces concepts pour raconter et mettre en scène une histoire qui puisse parler à un public large ?
Le choix des événements, des processus, des lieux, des idées et des témoins convoqués pour construire ces récits ne sont pas anodins et entrent souvent en conflit les uns avec les autres. Comment apporter la nécessaire nuance qu’implique tout travail d’historien ? Comment dépasser les catégories trop simplificatrices de bourreaux et de victimes ? Où placer le curseur sur la ligne des responsabilités, des collaborations, de la résistance ?
Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre à travers des exemples concrets. Les deux séances seront respectivement consacrées à l’usage du concept de mémoire dans la construction d’un récit sur l’histoire européenne au 20e siècle et à la complexe mise en récit de l’histoire du communisme européen.