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Sébastien BISET Une histoire des arts relationnels (1952-2012)

Date : 06.03.2013 — Audio 101 min.

S’il existe une constante historique depuis les années cinquante d’un art intégrant la participation à des degrés divers, cet art fut qualifié de « relationnel » à trois reprises : par le Cercle d’Art Prospectif (1972), par le Collectif d’art sociologique (1974) et l’Esthétique de la communication (1983), et par Nicolas Bourriaud (esthétique relationnelle - décennie 1990). À ce jour, pourtant, aucune étude n’a entrepris d’établir une cartographie ni même une chronologie de telles « hypothèses relationnelles ».

Cette étude procède donc d’une tentative de dépassement des lectures habituelles de l’art relationnel. Et d’abord, qu’entend-on par relation ? Avec du recul, le champ des arts relationnels s’apparente à une constellation connectant des pratiques disparates, formellement et intentionnellement hétérogènes mais participant d’un ensemble signifiant, celui des arts relationnels. Celui-ci inclut par-delà les théories relationnistes stricto sensu nombre de pratiques socialement questionnantes où l’altérité se voit mise en jeu, des formes inédites d’attablement et de commensalité, certaines pratiques site-oriented et spatiales déterminant la relation comme espace de négociation, mais aussi les formes-trajets cinéplastiques, trajectoires tactiques et autres concaténations, interventions et situations des arts d’aujourd’hui. L’intention au fondement de ces pratiques déborde du seul monde de l’art puisqu’elle anime outre mesure l’art festif des collectifs décidés à réenchanter la vie, l’utopie des squats et des zones d’autonomie temporaire, la fronde libertaire des hackers et artistes de l’Internet, quelqu’amateurs qu’ils soient.

L’enjeu d’une réinscription et d’une revalorisation du concept relationnel dans le lexique, dans la théorie et dans la pratique des arts nous semble fondamental, en ce que cette notion ouvre un champ de réflexion suffisamment large, par-delà les catégorisations réductrices dont les arts relationnels font l’objet. Il semble aujourd’hui indispensable d’encourager la prise de conscience des aspects fondamentaux qui constituent l’idée et l’aspiration relationnelles, de sorte que le concept de relation puisse continuer à nourrir et enrichir les théories sur l’art et la réflexion portée par les artistes leurs commentateurs mais aussi les publics sur l’art de notre temps.

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