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Nat NEUJEAN

Nathanaël Neujean, dit Nat Neujean, est né à Anvers le 5 janvier 1923. Il est décédé à Uccle le 4 février 2018. Très jeune, il s’initie à la sculpture et fréquente l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers. En 1941, il est contraint de quitter la ville, expulsé de l’Académie par l’occupant nazi et s’installe à Bruxelles où il vit dans la clandestinité. De 1946 à 1947, il étudie l’anatomie à l’école des Beaux-Arts de Paris. Rentré à Bruxelles, il reçoit, à partir de 1950, ses premières commandes officielles. Il travaille aussi à Florence et Milan (depuis 1955, il collabore avec la Fonderia d’Arte De Andreis – s’il a réalisé quelques œuvres en biscuit, en pierre ou en marbre de Carrare, la quasi-totalité de sa production est en bronze) et est appelé à enseigner la sculpture à Boston, à la Fine Art School of the Museum ainsi qu’à l’université. Les plus grandes galeries de New York, Toronto, Boston, Washington, Chicago, Montréal lui consacrent des expositions personnelles. À l’occasion de ses 80 ans, l’Académie royale de Belgique organise une rétrospective de ses œuvres La mémoire du XXème siècle.

Il est titulaire de nombreux prix (Prix de la Ville de Namur – 1952, Prix Égide Rombaux – 1960, Prix de l’œuvre Nationale des Beaux-Arts – 2000).

Il a été élu correspondant de la Classe des Beaux-Arts de l’Académie royale de Belgique le 8 juin 1972, en devient membre le 7 juin 1973, et sera admis à l’éméritat le 2 juillet 2009. Il a dirigé la Classe en 1978.

En 1995, il est élu membre correspondant de l’Academia Nazionale di San Luca (Rome).

Il est Grand Officier de l’Ordre de Léopold et Grand Officier de la Couronne.

Ses œuvres figurent dans des collections privées et publiques, en Belgique et à l’étranger.

Neujean a produit une œuvre multiple, dense, riche et authentique. Sculpteur figuratif, il est l’auteur de monuments mais aussi de portraits (Paul Delvaux, André Malraux, Henry Moore, Robert Schuman, Léo Houziaux, Hervé Hasquin). Guidé par le sens de l’humain, en portraitiste attentif, il fouille les âmes tout en respectant ses modèles et fait ainsi ressortir la quintessence de la personnalité.

Hanté par la guerre et marqué par la tragédie de l’Holocauste, il fait de la figure humaine le centre de son œuvre. Dès 1945, il se lance dans des études pour la Mémoire de la Déportation. Nat Neujean s’inscrit dans la grande tradition de la sculpture classique puissante et créative. Parce qu’il a atteint un rare degré de maîtrise balisée par la volonté de créer une forme matérialisée par une présence, il ne tombe jamais dans la virtuosité superficielle. Il ne joue pas la forme pour la forme et reste au plus près du sens. La Déportation, L’Aliénation, Le Silence, L’Épreuve, disent l’angoisse, la souffrance, l’indicible. Le corps, dépouillé de toute théâtralité, est mobilisé dans son essence.

Dans les années 1960, au travers de figures féminines, il est également capable d’exprimer la beauté. La sensualité se dégage du frémissement des corps. Elle est dans l’arrondi d’un sein que la lumière accroche ou dans le galbe d’une fesse sur laquelle elle s’attarde.

L’œuvre s’accomplit dans le recueillement, la méditation, la distanciation, la pensée se cristallise dans la matière. Elle devient le lieu de l’existence du monde et comme l’écrit à son sujet Germain Bazin : « l’instable est son domaine et l’équilibre son triomphe ».

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Conférence de Nat NEUJEAN