Au XXe siècle, l'innovation technologique a permis l'éclosion de nouvelles pensées musicales issues des lutheries électroniques. Sons concrets, sons de synthèse, techniques de montage, de modulation et autres effets sonores, de modélisation et de transformation « live » d'instruments acoustiques, voilà autant de concepts soumis aux impératifs d'une nécessité d'avant-garde placée sous la houlette de l'idéalisme d'un Adorno réfutant les musiques populaires.

Pourtant, ces dernières ne furent pas en reste et propulsèrent tout autant la création électronique vers un « grand large » bien plus pragmatique : synthétiseurs portables et leurs nouvelles techniques de synthèse, guitares électriques démultipliées par l'utilisation de modules de distorsion et d'effets multiples, bref, une nécessité de portabilité rendue d'autant plus efficace avec l'apparition de l'ordinateur portable (devenu « laptop » dans le langage courant d'artistes créateurs).

Cette recherche appliquée dans des lieux que l'on ne soupçonnait pas se devait de modifier la pensée du XXIe siècle, placée sous le signe d'un monde fragmenté et multipolaire. Les porosités musicales et hybridations esthétiques spécifiques de ce siècle nouveau se devaient d'exprimer leur essence dans le monde instrumental lui-même. À l'électronique de se plier aux nouvelles exigences qui appellent à l'ambiguïté de sa présence.

Dès lors, de nouveaux instruments hybrides voient le jour ces dernières années. Fusionnant instruments acoustiques et électroniques, ils remettent en question l'enjeu même de cette dialectique. À l'inverse, le laptop se veut lui aussi promoteur du geste instrumental. Autant d'attitudes que tentent de promouvoir de jeunes musiciens, à commencer par ceux du LAPS Ensemble, formation belge composée de laptops, instruments acoustiques et pratiquant les instruments hybrides, un collectif novateur dont l'expérience servira d'argumentation « pratique » à la tenue de ce cours-conférence.