C’est à la demande du violoncelliste Mstislav Rostropovich que Pierre Boulez écrit, en 1976, Messagesquisses pour 7 violoncelles.

S’agissant de fêter dignement le 70e anniversaire de Paul Sacher, chef d’orchestre, violoncelliste, lui aussi, et mécène important de la musique au XXe siècle, Rostropovitch prend l’heureuse initiative de passer commande à 12 compositeurs, d’une œuvre impliquant le violoncelle. Considérée par certains observateurs comme relativement mineure dans la production du compositeur français, Messagesquisses nous semble au contraire riche à bien des égards. D’abord parce qu’elle anticipe, dans une dimension purement acoustique, les préoccupations que Boulez aura quelques années plus tard dans le domaine de la musique mixte (instrument(s) acoustique(s) associé(s) à l'électronique). Ensuite parce qu’elle s’impose comme une véritable étude sur les rapports étroits que peuvent entretenir le matériau, le temps et l’espace. Cette préoccupation récurrente chez Pierre Boulez depuis longtemps, a été amorcée, nous semble-t-il, une décennie plus tôt avant avec Éclat (1965). En ce qui concerne le projet de la pièce ainsi que son matériau générateur, Boulez les décrit, en partie, au travers de son titre : « Avec ce mot-valise, j’ai voulu offrir un témoignage de mon amitié envers Paul Sacher : l’œuvre renferme des messages qui lui sont adressés personnellement et sont codés de façon symbolique, comme dans une esquisse ».

Mais quels sont ces codes symboliques et comment fonctionnent-ils ? Comment ceux-ci sont-ils musicalisés et comment agissent-ils sur notre perception ? Comment ce grand créateur qu’est Pierre Boulez arrive-t-il à inventer de la musique à partir d’un matériau qui, par le projet lui-même et les contraintes qu’il impose, est exogène à celle-ci ? C'est à ces quelques questions que le cours, proposé en collaboration avec de jeunes instrumentistes issus de la classe de violoncelle du Conservatoire royal de Bruxelles, tentera de répondre.